RESTES D'ADOLESCENCE

J'ai apprécié le voyage en Allemagne, d'autant plus que je m'étais mis à écrire un Journal dans lequel je notais tout ce que je faisais. Mais je crois que j'avais encore plus apprécié le voyage de l'année précédente aux Pays Bas, chez des amis peintres qui me firent visiter les musées les plus connus d'Amsterdam, Rotterdam, La Haye, Delft... etc. J'aimais tout en Hollande, les harengs crus, les cornets de frites à la mayonnaise, la balade sur les canaux d'Amsterdam, le cinéma, les villes, les artistes que je rencontrais, les gens qui étaient nombreux à parler le français... Tout me plut, tout me parut exotique.

Alors que l'Allemagne était déjà mon deuxième voyage, j'étais moins surpris, moins vierge de découvertes, moins puceau...

Je ne sais quand nous vînmes habiter dans les H.L.M. (le luxe pour nous, pensez, il y avait une salle de Bains !), je n'ai pas la date exacte en tête, et je ne peux poser la question à mon frère, ni à ma sœur plus jeunes. Pourtant cette date a une certaine importance parce que je me souviens que c'était le début de ce que l'on appelait le "Yé-yé". Dans les radios, petits postes ou gros laissés allumés fort par les voisins, à travers les fenêtres des appartements, nous parvenait cette musique nouvelle et ces jeunes chanteurs qui s'époumonaient sur des "twists", Eddy Mitchell et les Chaussettes Noires, Dick Rivers et ses Chats Sauvages et Johnny Halliday tout seul avec sa guitare.

Je n'ai pas été enthousiasmé par la musique de ces interprètes, je préférais "Et J'entends Siffler Le Train" (1962) d'un certain Richard Anthony dont j'aimais particulièrement l'accompagnement en arpèges à la guitare. Johnny Halliday ne m'a intéressé qu'avec "Retiens La Nuit" (1962), Eddy Mitchell avec "Toujours Un Coin Qui Me Rappelle" (1966), quant au niçois Dick Rivers qui était le chanteur préféré de mon copain Senton, je l'ai complètement ignoré.