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PARIS DE NUIT

27 Décembre 2017 , Rédigé par Bernard T. Publié dans #Vie d'Atelier

Sorti de la gare Saint-Lazare vers quatre heures et demie du matin, je me réjouissais de frapper le sol des trottoirs avec mes boots. La sonorité émise par mes pas hâtifs me donnait une joie sans mélange. Je remontais la rue Saint-Lazare jusqu'au bout, empruntais la rue de Châteaudun et grimpais la rue Hippolyte Lebas à toute allure afin d'arriver au bureau de Paris 9 où je faisais des heures supplémentaires. Au bureau, je ferai du tri de 6h à 10h, ensuite avec copines et copains, nous irions casser la croûte à la cantine.

Dans les rues de Paris la nuit, je frappais le sol. Je ne sais plus si c'était à cause de la peur que je faisais ce bruit de pas, ou bien si cette foulée rythmée correspondait aux battements de mon cœur.

La peur ? Non, je n'avais pas vraiment peur d'être dehors à une heure aussi tardive, il n'y avait pas d'autres passants et j'avais plutôt l'impression d'être le seul à animer les rues avec mes pas saccadés. J'étais le roi du pavé dans les ruelles obscures, j'effrayais les rats, je réveillais les dormeurs du premier étage et les concierges maugréaient contre mon pas sonore.

Je frappais et frappais encore, engagé dans une course contre la montre, il fallait que le rideau des ténèbres s'ouvre et me cède le passage, que j'arrive avant que la pointe du jour auréole les toits.

Et je jubilais, le vent de la vitesse me sifflait aux oreilles, la pensée que là-bas m'attendait la lumière crue des néons me donnait des ailes.

La peur... ? Je n'avais peur de rien, mes grands pas bousculaient la noirceur du monde, mes talons ferrés arrachaient des éclairs au béton stupide, je marchais ardemment et les échos de mes pas répercutés sur les façades me donnaient le sentiment d'emmener à ma suite toute une armée de doubles de moi-même qui envahissait la ville avec jubilation.

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