Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

HASARD ET EXISTENCE

13 Juin 2019 , Rédigé par Renée Publié dans #Vie d'Atelier

Ce qui me plaît dans la consigne proposée ce soir, c’est qu’elle me permet de faire un bond dans le passé et de composer une dissertation qui ne sera pas notée, ni jugée, ni introduite, ni conclue, ni organisée, ni inspirée de quelque philosophe au programme de terminale. Je vais jouer avec les mots, comme m’y invite le premier mot de la citation de Théodore Monod.

Jeu : le jeu implique une personne, du plaisir, de la fantaisie, de l’invention ; il nécessite un public, du partage, de l’échange. Telle est ma première réflexion. Mais on parle aussi de jeu dans un engrenage, dans une roue, dans les hasards… Là il n’y a aucune intention, aucune volonté. C’est la physique qui est en jeu, et non une divinité ou un individu ou une équipe. Voilà encore une expression, entrer en jeu, qui n’est pas tout à fait entrer dans le jeu…

Hasards : Le pluriel n’augmente pas, mais réduit le hasard, que l’autre Monod a opposé à la nécessité dans un ouvrage célèbre. Les hasards, ce sont ces rencontres, ces faits, ces évènements, minuscules ou historiques, qui dessinent notre vie. Le premier des hasards qui me concernent m’a fait naître française, de famille catholique, en pleine seconde guerre mondiale. D’autres hasards m’ont fait rencontrer des êtres qui ont compté dans ma vie plus que le général De Gaulle ou Marguerite Yourcenar ou Bob Dylan ! 

Infléchir : C’est modifier une direction. Infléchir le cours d’une rivière, c’est la dévier de son lit. Si l’existence est un fleuve qui s’écoule de la naissance à la mort, inexorablement, son cours n’est pas plus dessiné à l’avance que celui du petit ruisseau qui a creusé patiemment la gorge avant de s’élargir jusqu’à l’estuaire. De même, ma vie n’était pas programmée, et chacun de mes actes l’infléchit, au fur et à mesure de son écoulement. Pourtant, je sens bien que je ne suis pas seule à définir la direction. Il y a tant de déterminismes, ceux de l’éducation, du milieu social, de la langue. Et plus secrètement, ces « hasards » que sont les rencontres. Qui serai-je si un vieil instituteur de la Troisième République ne m’avait pas appris à lire avec bonheur ? Et ces évènements de l’Histoire traversée malgré moi ne m’ont-ils pas marquée profondément, l’après-guerre, les évènements d’Algérie comme l’on disait alors, mai 68… Et ces mystérieux sentiments qui vous transportent vers les uns et vous éloignent des autres…L’existence ne serait-elle qu’un jeu, non pas de hasard, mais le jeu des hasards multiples qui la composent ? 

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article