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VOLATILES DES MARAIS (version définitive)

25 Juin 2019 , Rédigé par Bernard T. Publié dans #Vie d'Artiste

L’adamantin-tamarre aux plumes rouges pousse son cri perçant. Aussitôt les poissons du marais sortent la tête, intrigués, tandis que les roseaux rosissent. Un pêcheur solitaire et sourd se fâche tout rouge et les chasseurs du coin lèvent leur fusil, mais l’adamantin-tamarre se tait et d’un vol puissant s’envole au ras des vagues.

 

Dès qu’il a entendu le cri, le smaragdin-don tente de fuir. Il s’élance lourdement sur les bosses de ses ailes et retombe sur le sol. Il prend de l’élan, glougloute pour se donner du courage et volette sur deux trois mètres avant d’écraser son bec dans le sable, ses pattes recourbées en cimeterre sous le fourreau de ses plumes. Il renonce pour le moment. Il recommencera plus tard.

 

Le bar-tavelé hante les cafés. Dès l’ouverture, on le voit piocher dans les verres, eau-de-vie du réveil, ricard du soir, rien ne le rebute. Il a ses habitués, Gros Léon au picon-citron. Albertine à la grenadine. Mais il ne crache pas sur un petit ouisky quand le vent d’argile nuit à sa vie d’argent.

 

Il est tard quand l’oripeau-lyglotte se glisse hors de sa grotte, tout dépeigné par les herbes qu’il fréquente. Il lisse ses plumes d’un bec sensible, s’ébroue et boit longuement l’eau du marais. Parfois un poisson-clown vient le taquiner au bout du bec, alors l’oripeau-lyglotte se tirebouchonne jusqu’à l’oubli de sa langue maternelle.

 

L’Arénacé-tassé prend toute la place dans le nid sous prétexte de réchauffer la couvée. Sa femelle se méprend sur ses intentions. En réalité, il cherche à se faire aussi gros qu’un œuf afin, lui aussi, d’être couvé. Bientôt il fait le vide en lui, se tasse sur ses pattes, atteignant la taille d’une noix. Il fait silence et se raidit. Et la femelle bientôt couve cet œuf supplémentaire. A peine troublée par les plumes de cette coquille, elle croit avoir pondu une race supérieure, et fière comme un pou, elle l’étreint.                   

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