LOTO GESTION

Anna et Claude sont assis autour d’une table.

Anna : Pour le moment nous sommes les seuls à connaître les résultats du tirage. Et si nous arrivions à partager le butin entre nous deux ça vaudrait vraiment le coup !

Claude : Oui bien sûr mais comment ? Depuis le temps que l’on joue ensemble… ils ne vont pas refuser de toucher le jack pot.

Anna : Bien. Réfléchissons. Si nous ne pouvons pas tout garder, il nous faut trouver un moyen de les obliger à ne pas partager à parts égales.

Claude : On va éliminer quand même la manière forte et l’arme à feu ! A moins que tu en aies une ? Moi je ne sais pas m’en servir !

Anna : Si on était aux Etats-Unis … avec la bénédiction de Trump… ça pourrait marcher. Ici c’est plus risqué et on n’a plus Dupond-Moretti pour nous défendre !

Bon trêve de plaisanterie ! Je crois qu’il ne nous reste que la pression morale, mais pas sûr qu’ils en aient beaucoup en réserve !

Claude : De quoi ?

Anna : Eh bien, de moralité of course.

Claude : Naturellement ! Presque autant que nous !

Anna : Bon, étudions chacun d’eux pour chercher la faille à creuser. Commençons par la mémé, c’est peut-être le plus facile. Vu qu’elle n’entend pas tout, on peut lui raconter des bobards sur la récupération de l’argent et les impôts supposés qui vont avec. On peut même lui cacher la somme réelle puisqu’elle est incapable de lire le journal. Et puis, elle ne va pas l’emporter dans la tombe son pécule. Ça nous éviterait des frais de succession !

Claude : Pas sûr qu’elle serait d’accord si elle avait tous ses moyens. Elle est bien trop près de « ses sous » ! Mais on peut y arriver. Il reste les deux autres. Antoine est plus que blindé avec son métier de chirurgien esthétique et n’en a vraiment pas besoin. Tu crois que l’on peut jouer sur la corde sensible de nos situations trop moyennes pour nous permettre de mener un semblant de vie comme la sienne, de voyager, d’aller au resto… ?

Anna : Il va falloir pleurnicher très fort !

Claude : C’est pour toi alors !

Anna : Si tu veux, mais il faudra quand même lui laisser quelque chose, ne serait-ce que pour sa poufiasse d’Hélène qui serait prête à nous écharper si elle n’avait pas droit à son colifichet ostentatoire !

Claude : Bigre ! Tu as fait des progrès en vocabulaire depuis qu’on ne s’est vu ! Tu prends des cours ?

Anna : Ne commence pas ! Cherchons plutôt comment circonvenir – oui monsieur – le petit dernier.

Claude : Oh, Marcel c’est le plus pauvre de nous tous, mais justement il ne peut pas passer brutalement du fin fond de la pauvreté à l’opulence - moi aussi tu vois, je sais « causer » ! Je me dis que si nous lui proposions de lui assurer un bonus par exemple de 200 € par mois il en serait ravi. Et 2 400 € par an, c’est 24 000 € sur 10 ans, peanuts sur le million que nous pourrions gagner ! A condition que tu en payes la moitié quand même !

Anna : Ah, je te reconnais bien là ! Mais c’est une bonne idée. On pourrait même aller jusqu’à 300 € et il serait alors aux anges. Il ne reste plus qu’à calculer un peu ce que l’on propose aux autres, comment on s’y prend … et à nous le pactole !