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" AU NULLE BAR AILLEURS "

19 Juin 2021 , Rédigé par Renée Publié dans #Vie d'Atelier

« On se retrouve au Nul Bar, je leur fais juste visiter ce coin du 12ème !

- Ok, dans une heure au Nul Bar, on y grignotera, je retiens des places dans l’arrière-salle. »

B. s’éloigne de notre groupe qu’il laisse à l’angle du boulevard Diderot et de la rue Faidherbe.

« Qu’est-ce que c’est ce bar nul ? demande Umi que nous venons d’intégrer dans notre petite troupe. Chacun lui fait visiter son quartier et aujourd’hui c’est à mon tour de lui présenter  le mien.

- Ce n’est pas un bar nul ! On a bien dit Nul Bar, avec l’adjectif devant le nom, tu n’as pas remarqué ? Je t’explique. L’enseigne est exactement  Le Nulle « Bar » Ailleurs d’après l’expression  française : nulle part ailleurs, que tu dois connaître, toi qui voulais venir d’abord à Paris et nulle part ailleurs !

Ici, l’hôpital Rothschild où je suis né et là-bas la clinique des Diaconesses où j’ai été opéré de la vésicule biliaire ! Nous allons descendre le faubourg Saint-Antoine et je vous montrerai une des dernières cours d’artisans du faubourg, il n’y plus aucun ébéniste mais il reste quelques ateliers de travail du cuir et même une fabrique de clous de tapissier. On traversera le marché d’Aligre où je vous amènerai un dimanche matin. »

Voilà enfin le Nulle Bar Ailleurs, réduit au Nul Bar par les habitués. Sur le trottoir, quelques tables écartées d’un mètre, c’est la nouvelle réglementation, pas question de les rapprocher pour favoriser les échanges !

« Je vous invite dans le bar-bistrot le plus sympa du quartier, ce qui ne veut pas dire branché, ni chic, ni peuple. Non, sympa tout bêtement. »

Le comptoir est un bon vieux zinc d’autrefois. Les quatre sièges sont d’affreux tabourets hauts sur lesquels personne ne s’assoit jamais ? Dans la glace derrière les serveurs et entre les flacons, on cherche du regard qui l’on connaît, il y a toujours quelqu’un à qui adresser un sourire, un signe ou un « b’jour » rapide. En cette fin de matinée, les habitués du petit noir et de la gazette du quartier ont regagné leur cuisine ou leur boutique. Il n’y a que Jo le patron qui bougonne en secouant son téléphone portable. Tout d’un coup, il lance : « Ah Jean-Marie, tu tombes bien, viens me débloquer cet engin ! 

- J’ai pas le temps, répond le Jean-Marie interpelé, entré derrière nous. Demande à tes clients. »

Les clients que nous sommes s’empressent de prendre le couloir de quelques mètres qui conduit à l’arrière-salle, beaucoup plus spacieuse que la première.

Sur trois murs, de la hauteur d’une table jusqu’à deux mètres cinquante, des casiers sont tous occupés par des bouteilles couchées. Vous vous croiriez chez Mélac de l’arrondissement voisin, où Mélac stocke ses bouteilles de vin de Marcillac qu’il vous sert le soir, avec les lentilles au petit salé cuisinées par sa mère. Non, ici, les bouteilles sont vides ! Et vous pouvez vous en saisir pour lire les étiquettes, toutes différentes, toutes étonnantes. Des dessins de ceps de vigne et de grappes, des caricatures d’hommes publics, de Louis-Philippe à Chirac, des proverbes dont certains détournés, « tant va la cruche à l’eau qu’elle se case » (détournement dû à Jules Renard !), des citations de Rabelais ou de Baudelaire, des photographies de grands buveurs, d’Hemingway à Cavanna. Une mine !

Notre ami B. est là. Il a réservé la table de six dans l’angle qui permet d’avoir accès au plus grand nombre de bouteilles. « Je vous invite à vous amuser à qui trouvera l’étiquette la plus drôle : ce sont les amuse-gueule du Nul Bar ! »Vous verrez, la suite est sympa aussi !

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