HUMOUR DE MARIN

   Pour une fois que je prenais le bateau, celui-ci heurté par un porte-conteneurs se mit à couler sans prévenir. Bien obligé de sauter à l’eau, je ne pouvais pas rester dedans. Heureusement j’eus la chance de me trouver sur un banc de sable et j’ai pu atteindre une île à pied presque sec, en évitant les os des seiches, les arêtes des thons et les carapaces des homards que nous venions de déguster à midi dans une plancha du tonnerre. La rencontre de ces reliefs m’avait fichu le cafard car c’est en étant loin de chez soi que l’on regrette le plus son foyer...

J’arrivais sur une île qui aurait fait le bonheur d’un amateur de bois flotté : les branches et les troncs ne manquaient pas, j’allais pouvoir construire une barque pour me sauver de l’endroit quand j’en aurais assez de manger du poisson.

Je n’avais pas fait deux pas lorsque dans le sable, à demi enfouie, je découvris une boîte de métal. Elle était rectangulaire, brillante, probablement en aluminium et dépourvue de cadenas. Que diable contenait-elle ?

Je me ruais dessus comme un imbécile et l’ouvris sans réfléchir. A l’intérieur un papier plié en deux que je dépliais hâtivement. Je lus ce texte court sans explication supplémentaire : « Si vous êtes ici, vous êtes perdu ! »

Un plaisantin de malheur m’avait joué un sale tour. Non content de couler mon bateau, il m’avait adressé ce message.

Je reconnaissais bien là l’humour des capitaines de porte-conteneurs.