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Retour vers le Futur

29 Mars 2013 , Rédigé par Blouk Publié dans #Musique

Octobre 1997, nous assistons à notre premier concert au Corum. Il a fallu toute l’insistance de mon frangin pour que je finisse par comprendre que ce n’était pas une mauvaise idée. Quand je vous disais que j’avais le cerveau lent… !

Nous écouterons une œuvre du jeune compositeur Guillaume Connesson intitulée sobrement « Supernova », puis un concerto pour piano et orchestre de Grieg, et enfin la symphonie n° 3 de Brahms. Nous parurent ostentatoires les gestes de la pianiste Erica (ou Enrica) Ciccarelli, ils nous firent penser à une mante religieuse, parce qu’elle laissait parfois une main suspendue en l’air, comme si, ayant deux appendices indépendants, elle ne savait que faire de celui qui ne jouait pas.

Chez moi, j’écoute la « Messa da Requiem » de Verdi qui rappelle les grandes funérailles publiques du XIXème siècle, avec toute une pompe et une tradition heureusement disparues - chevaux noirs ornés de plumets, draperies sombres semées de larmes d’argent, uniformes bizarres de quelques thuriféraires, pleureuses en surnombre. Je me rafraîchis avec « L’Enfance du Christ » d’Hector Berlioz et le superbe « Adieu des Bergers ».

Début novembre, il me reste deux cents pages à lire pour terminer la biographie de Ravel (un régal !), et chez Harmonia Mùndi j’achète les Sonates pour violon de Schmelzer ainsi que le « Pierrot lunaire » de Schoenberg. Chez Gibert, je trouve une bio de Schubert par le même Alfred Einstein qui a décortiqué Mozart, lui ôtant ce qu’il a de « divin » pour lui rendre une figure humaine. Mais la vie du compositeur de « La Truite » est réellement fade et terne. Heureusement sa musique ne s’en ressent pas.

En fin d’année, les concerts se succèdent, l’orchestre sous la direction de René Kœring interprète « Finlandia » de Sibélius, « La Tempête » de Tchaïkovski et « Psyché » de Franck.

Décembre 1997, une note caustique dans mon Journal me remémore aujourd’hui une discussion avec une dame de mes amies : « aux environs de Noël ou de Pâques, il ne se passe pas une journée sans que France 3 ne se croit obligée de nous montrer une troupe de petits malheureux s’échinant à racler sur leurs crincrins des notes déprimantes. Hormis le fait que la pièce jouée, de Mozart ou de Chopin, est bien souvent écorchée vivante par les mains malhabiles de ces morpions, le journaliste patapouf ne manque pas de crier au « petit génie », mêlant le non respect de la musique au plus écoeurant des voyeurismes.

Ce n’est pas rendre service à nos rejetons que de les exhiber tels des phénomènes de cirque, cernés par une haie de parents bicéphales. Laissez leur le temps d’atteindre l’âge de raison, alors il sera temps pour eux de montrer leur art du tambour ou du piston, du violon ou de la cornemuse ! »

(à suivre)

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