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Travail d'Atelier : E Pericoloso Sporgersi II

8 Octobre 2013 , Rédigé par Blouk Publié dans #Vie quotidienne

J’ai toujours aimé voyager en train et pendant les vacances, c’est en train que nous rejoignions les villes de l’Est. Il fallait changer de train à Dijon où la gare avait une ambiance particulière : nous passions au large des locomotives qui dégorgeaient du feu, de la vapeur, de la fumée, au repos elles trépidaient encore dans des halètements mystérieux, entourées comme des bêtes malades par des hommes noirs de charbon, couverts jusqu’aux sourcils de bérets engoncés.

Nous nous hâtions vers l’autre quai, escaladant des marches hautes accrochés à la rampe, tirés en arrière par le poids des valises, nous pénétrions dans un nouveau wagon qui avait l’odeur indéfinissable des gens qui viennent de le quitter et dont on suit les traces du passage, un journal chiffonné, des miettes sous une banquette… Et la porte du compartiment refermée, c’était le calme à nouveau ; penché sur la vitre brumeuse je tâchais de deviner ce qui dans les lumières électriques et les pans de murs nus cachait encore la joie des vacances à venir.

Bientôt un autre monstre en fureur nous entraînait, en fumant et crachant, toujours plus loin dans le pays fatal de la sidérurgie, du charbon et de l’acier.

Un peu après Nancy, la machine déchaînée ralentissait, elle roulait plus lentement dans les dépôts encombrés, elle brinquebalait sur les rails tandis que son rythme alangui, annonciateur d’arrivée prochaine, me sortait de mes rêves.

Mon père nous accompagnait surtout pour porter les valises, je ne le compris que plus tard, il ne restait avec nous qu’un jour ou deux, peu enclin à distraire sa chère palette à l’agrément de sa belle famille.

Il avait relevé le rideau et nous, qui avions quitté les rivages de la Méditerranée, les vignes rectilignes bordées de chemins décoiffés, les maisonnettes blanches nichées au creux des pins, nous découvrions dans le jour naissant un paysage vertical de cheminées, d’usines, de façades noircies.

Il ne fallait pas alors mettre le nez à la fenêtre, humer naïf l’air du dehors… De suite l’escarbille dans l’œil, aïe !

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