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Bonjour Tristesse !

26 Juin 2014 , Rédigé par Blouk Publié dans #Vie quotidienne

          Mais j’en avais fini avec les études, il fallait travailler et en 1967 je «montais» à Paris. Je n’avais pas perdu l’habitude des bouquinistes et ainsi un soir, après une journée harassante, je tombais sur l’œuvre d’un dénommé Boris Vian. Il s’agissait probablement de « L’Ecume des Jours », je tombais sous le charme.

         Je n’avais jamais entendu parler de cet écrivain qui écrivait comme moi (plutôt moi comme lui) mais avec infiniment plus d’imagination, de poésie, sans parler de son art de la construction : un roman entier de petites notations poétiques, des personnages au caractère fouillé, une histoire qui tenait debout malgré l’univers « absurde » où tout convergeait vers la fin inéluctable de Chloé, l’amante de Colin. Grand roman, pessimiste certes, qui fichait le moral en l’air (il ne faudrait pas le relire), mais grande originalité.

Chapeau bas !

         J’adorais immédiatement ce livre et pendant quelques temps, je me goinfrais des autres œuvres de Boris Vian (Vercoquin, Les Fourmis, L’Automne à Pékin…), je voulais tout connaître, il me paraissait un tel génie que je n’eus de cesse de le faire fréquenter à Robert.

         Celui-ci, de caractère assez égocentrique, jaloux peut-être de la fascination apportée par un autre que lui-même, ou bien également passionné par cette découverte et conscient de sa propre valeur (il écrivait aussi), se mit bientôt à signer ses lettres « Boris ».

         Quant à moi, je ne poussais pas le bouchon aussi loin. Je tentais d’écrire des textes surréalistes, poétiques autant que possible, tout en sachant pertinemment qu’avant d’arriver au niveau de Vian, il passerait de l’eau sous le Pont des Arts.

         J’écrivais d’ailleurs beaucoup aussi à ma famille qui me transmettait par retour des nouvelles, illustrées par quelques dessins à la plume de mon père, qui en deux coup d’encre de Chine poétisait les paysages du Midi. C’était gentil de sa part mais ces croquis allumaient bien des regrets et me détruisaient un peu plus le moral. La littérature n’était pas tout pour le dilettante du stylo que j’étais.

 

(à suivre)

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