Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Stimulation Amicale

25 Juin 2014 , Rédigé par Blouk Publié dans #Vie quotidienne

Vers l’âge de 13/14 ans, j’avais un ami : Robert allait à l’école chez les Frères et moi au lycée. Donc comme je ne pouvais le rencontrer chaque fois que l’envie me tenaillait, nous libérions nos trop pleins d’amertume dans notre correpondance ; ensuite la « fierté du petit plumitif » nous conduisit vers l’écriture sur des cahiers afin de conserver une trace de nos bêtises.

         Sur ces carnets nous notions à peu près tout ce qui nous passait par la tête, embryon d’idées, aphorismes créés à l’emporte-pièce, mais aussi saynètes, poésies (ou jugées telles), surtout des histoires sans queue ni tête illustrées par des collages (j’avais découvert ceux de Jacques Prévert et ceux de Max Ernst – ayant un papa artiste peintre…).

         Au début il nous arriva de copier quelques vers particulièrement bien tournés, des blagues d’Alphonse Allais, des répliques de chansonniers, ou des extraits d’almanach Vermot trouvé chez la bouquiniste des halles…

 

Mais ces notes plagiées étaient moins satisfaisantes que nos cadavres exquis, et nous trouvions plutôt l’inspiration dans l’écriture automatique qui donnait des rencontres originales telles celle de la machine à coudre et du parapluie, et nous enchantaient beaucoup plus.

         En somme nous avions déjà trouvé une sorte de paradis qui était l’écriture en liberté. Beaucoup de choses nous manquaient, d’abord une méthode pour construire des textes plus longs, et quelques études supplémentaires qui ne se font qu’à l’université où ni l’un ni l’autre nous n’eûmes la volonté, le loisir (la chance ?) d’aller.

 

         Les années scolaires suivant leur cours, nous fîmes quelques rencontres marquantes, d’abord « L’Etranger » de Camus. Ouaouh ! Ce type décrivait des sentiments que nous partagions à fond, nous aussi nous nous sentions étrangers dans le monde bâti par nos parents : rien ne nous y fascinait, et nous voyions arriver une existence insipide de travail, de soucis quotidiens et de sorties du dimanche qui ne comblait pas nos désirs.

         Les autres romans de Camus… ne nous emballèrent pas autant (à part Caligula qui cherchait la lune et nous aussi), cet homme écrivait trop bien, son idéal n’était pas le nôtre, il nous parut plus facile d’entrer chez Sartre (« Le Mur », nouvelles), l’existentialisme battait son plein, en tout cas les adolescents ne parlaient que de lui, se réjouissaient de son refus du Prix Nobel (1964), et chez cet écrivain qui ne craignait pas de choquer, nous avions l’impression de voir la vraie vie, pleine de réalisme et de crudité, peut-être plus dure et tragique par certains côtés, ce qui convenait mieux aux jeunes rêveurs que nous étions.

 

         (à suivre)

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article