KADORO ET SES PRETENDUS POUVOIRS

Pendant des siècles, la science s’est contentée d’expliquer notre monde, la forme de la Terre, la force d’attraction, le magnétisme… et de mesurer notre espace terrestre. Elle s’est aventurée à décrire, puis à découvrir de nouveaux espaces que physiciens et astrophysiciens tentent de nous présenter sans nous laisser sur le bord du chemin : ils vulgarisent, dit-on.

Parallèlement, d’autres esprits, aussi aventureux, mais moins rigoureux, envisagent des mondes « extraordinaires », prétendent même avoir le pouvoir de modifier la vie.

 C’est ainsi qu’un modeste chirurgien d’une profonde campagne d’un petit pays des Balkans – je ne sais plus si c’est le Kosovo ou le Montenegro – entreprend de prolonger la vie humaine par une série de greffes successives d’organes sur des individus volontaires.

 Il a commencé par le remplacement d’os ; un fémur ou un tibia, en cette matière synthétique qu’un ordinateur livre à la demande, n’a pas paru une avancée extraordinaire. Notre homme, Kadoro de son prénom, a fait fabriquer, ou a fabriqué – personne ne sait exactement – des reins qui sont des sortes de filtres moins alambiqués que nos systèmes rénaux fragiles et susceptibles de produire des calculs, sources de douleurs néphrétiques insupportables. Ses filtres, à lui, sont changeables tous les deux ans et ne posent aucun problème.

Kadoro, fier de ces deux premiers succès, entouré d’une équipe de fidèles étudiants, n’hésite pas à « inventer » des substituts du foie – simple alambic - dit-il, du cœur – vulgaire machine à propulser, selon lui -, de poumons, des pompes à air finalement. Il est aujourd’hui en train de dessiner les plans d’un « cerveau minimal » qu’il compte bien implanter sur quelque simple d’esprit de sa région qui n’en manque pas, l’alcoolisme et l’ignorance ayant fait beaucoup de dégâts au cours du XXème siècle dans ces vallées reculées. Autour de lui, toute une équipe d’informaticiens, de biologistes, de neurochirurgiens travaillent à créer un autre « homme » que Kadoro ne qualifie pas « d’homme nouveau » - le terme est déjà pris - mais « d’homme - matière », car il utilise différents matériaux pour remplacer os, muscles, muqueuses, tissus divers.

Certains lui demandent même d’imaginer dès maintenant le « souffle » qu’il mettra dans « l’homme - matière » quand celui-ci ne sera que matériaux inertes assemblés. Il est ainsi entouré de « croyants » qui partagent sa vision de l’homme futur.