A TOI

Je t’aime. Je te regarde frémir en ce matin de Février où, sur la branche humide, le chant de la mésange tremble.

Ce qui vient dans mes yeux aujourd’hui quand je t’observe, ce sont des images. Mais dans ce qui passe au-travers, il y a des ombres. Je sais qu’il suffit de poser des mots pour qu’il n’y ait plus les nœuds qui étouffent. Alors, j’aligne des mots, même mal. Pour ne pas rester sans bouger. Pour qu’ils ne restent pas clos en moi tout l’hiver. C’est lent. J’aligne ces mots comme je poserai de petits galets les uns sur les autres dans les remous d’un ruisseau.

Loin de toi, le temps passe. M’entends-tu ? Je te regarde courir sur les jours et les nuits de ce monde.

Je l’ai vu surgir ce brouillard qui montait de tes plis juste avant que les caprices d’un orage te transpercent et que tu te déchaines. Je connais ta force et la sauvagerie des courants d’air qui te traversent. Malgré tout, sache que je n’aime pas tes éclats de colère. Prends garde à toi, mon amour pourrait s’y noyer !

Je ne te fais aucun reproche, toi qui envahis le ciel de mes nuits quand elles se font trop longues, épaisses et moites et que je reste là, éveillée, à l’écoute dans l’obscur alors que tu glisses en silence dans mes fissures. Tu le sais, j’aime te confier mes doutes et mes égarements.

Je ne vais pas te surprendre : en te voyant t’étirer, lent, dans le bleu d’un ciel sans vent, je rêve de voyages. Oui, parfois, j’imagine qu’il serait bon de larguer les amarres pour dériver avec toi. Partir plus loin. Assez loin. Arriver quelque part et ne plus voir, là-bas, tous les jours, que le calme dans le paysage. Sable, vagues, oiseaux, montagnes. Il me suffirait de sentir la caresse de l’air au goût de sel couler sur ma peau.

Je t’aime au creux de la nuit

Je t’aime quand le vent faiblit

Je t’aime dans le silence

Avec mes livres alentour.

Je t’aime quand je rêve tout haut et que vacille la lumière d’un ciel voilé.

Merci d’être, nuage. Poème d’amour, de brume marine, de sable et d’eau.