Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

L'Oreille en Bandoulière

24 Octobre 2013 , Rédigé par Blouk Publié dans #Vie rêvée

J’ai toujours aimé porter l’oreille sur l’épaule. A choisir une place favorite, c’est là que je l’aurai posée et non sur le ventre, domaine des instincts les plus bas, ni sur le cœur car elle aurait été éloignée de mes yeux.

Or j’ai besoin de voir ce que j’entends, histoire de savoir si ce que j’entends est digne d’être écouté : par exemple une Cantate de Jean-Sébastien, un concerto de Wolfgang, ou « Roll Over Beethoven » par mon Beatles préféré.

Je porte donc l’oreille sur l’épaule, en bandoulière, parce que c’est un organe qui me sert en permanence et dont je ne saurai me passer. Je devrais dire « mes oreilles » puisque j’en ai deux, une sur chaque épaule pour pouvoir écouter en stéréo, ce qui est très pratique.

J’estime avoir de la chance d’être très sensible aux sons : aucun son d’ailleurs ne me dérange, j’insiste, aucun son. En revanche le bruit, même le plus anodin comme le frottement des doigts sur un gobelet en plastique, me cause un état de surexcitation épouvantable.

Après avoir entendu bien malgré moi une manipulation de gobelet plastifié par les doigts d’un fâcheux, pour calmer l’énervement produit par ce boucan insoutenable, je fus obligé de m’aliter quelques jours dans le noir et le silence le plus complet.

J’aime être entouré par mes oreilles… Depuis que nous nous fréquentons assidûment, leur présence amicale près de mes joues m’est d’un grand réconfort : tels deux animaux de compagnie, elles me secondent fidèlement en toutes circonstances.

Elles ne rechignent pas quand je grattouille leurs hélixs afin de chasser l’insolent petit moucheron venu les visiter, ni quand je les oins de savon puis que je les sèche à l’aide d’un chiffon de soie pour mieux les faire reluire…

Mais c’est quand j’écoute de la musique que leur pouvoir s’avère le plus impressionnant. Elles étendent leurs ailes afin que tous instruments, même les plus indistincts, soient forcément rabattus vers leurs pavillons et viennent se presser en troupeau harmonieux devant mes tympans.

Alors mes oreilles sont deux immenses cathédrales et les chœurs les plus exaltants s’y ébattent, me faisant atteindre une félicité incomparable.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article