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Journal de Nuit (2)

21 Septembre 2016 , Rédigé par Blouk Publié dans #Vie quotidienne

Le matin j'ai du mal à me mettre en route, il me reste toujours des brins de sommeil attachés ici et là, des pans de rêves tardifs restent accrochés à mes basques, je les secoue, mais ils tiennent bien, les coquins ! Ils ont la ténacité des films trop regardés au point que je ne sais plus si ce sont des souvenirs ou de simples images retenues d'un documentaire ancien.

A l'heure du déjeuner des oiseaux, je me remis à la lecture de "Lettrines 2" non pas comme on renoue avec un vieil ami, mais plutôt comme une punition. J'en étais à peu près à la page 138 quand le texte me parut peu à peu plus aisé : page 142 il racontait les différents cantonnements où il était passé pendant la guerre de 39-45, puis il décrivait deux portraits de femmes et p. 154 il parlait de l'enfance, un passage qui me toucha : "Les années referment derrière nous des portes : avec le monde de nos commencements, qui se recrée derrière nous, sans nous, non seulement toute communication nous est interdite, mais la perception même nous en est retirée : le mécanisme par lequel l'enfance détecte l'enfance et la rejoint n'est guère moins secret et mystérieux que celui qui rassemble pour les noces les espèces rares de papillons."

 

Chez mes parents, il y avait des livres, pas en quantité industrielle, mais depuis tout jeunes nous avions l'habitude d'en lire et d'en conserver quelques uns. Il y avait outre un dictionnaire, l'encyclopédie Quillet en plusieurs volumes, au moins deux livres de Marcel Pagnol parmi les plus connus, sans doute aussi un "Cyrano de Bergerac", un "Conte du Graal", "La Légende des Siècles", "Les Frères Karamazov", "Maison de Poupées" d'Ibsen et je m'en souviens "Kyra Kyralina" de Panaït Istrati.

Il y avait les grands poètes, Arthur Rimbaud que mon père connaissait au point de dire "Le Bateau ivre" sans se tromper une seule fois, ou le fameux "Je m'en allais les poings dans mes poches trouées...",  ou "Le Dormeur du Val". Il connaissait moins Verlaine dont j'aimerais plus tard la musique des mots.

Mais je parle sans savoir. Mon père avait beaucoup fréquenté les poètes dans sa jeunesse, il avait même écrit des vers où il exaltait la beauté de la nature, je possède son carnet. Nous avions aussi Charles Baudelaire, Tristan Corbière et ses "Amours jaunes", Apollinaire et ses "Calligrammes", Charles Cros, Jules Laforgue que Julien Gracq n'apprécie pas, François Villon bien sûr ! Paul Valéry sans doute en "régional de l'étape" et quelques autres sont venus s'agglutiner au fil des années, Jacques Prévert et le bonheur de vivre, René Char, Robert Desnos...

 

(à suivre)

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