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Le Géant aux Oiseaux (5/09/16)

20 Septembre 2016 , Rédigé par Blouk Publié dans #Vie rêvée

          Quand j'étais un géant, j'avais peu de cervelle et des plaisirs innocents. J'aimais imiter les oiseaux mais mon chant n'était qu'un cri désarticulé comparé à leur oiseux verbiage.

         Je les écoutais d'abord attentivement : il y avait tant de volatiles que faire un choix... Mais les plus nombreux parmi la foule des martinets, coucous, huppes à tête fasciée, tourterelles, étourneaux, était sans conteste les moineaux. J'étudiais leurs pépiements, leurs gazouillis,... Et tentais de les reproduire le plus fidèlement possible. J'aurai pu m'aider d'appeaux mais je préférais rester naturel et m'entraîner longuement. J'arrivais parfois à leur piquer un truc, mais je savais qu'ils ne seraient pas dupes longtemps.

         Quand je fus prêt, je les convoquais pour une réunion au sommet des arbres, en effet j'avais grimpé en haut d'un pin. Je me tenais sur une branche gracile, tous les oiseaux groupés autour de moi, me palpant de leurs petits yeux curieux.

         Mon premier cri les effraya et ils s'égaillèrent dans tous les sens. Evidemment je ne m'attendais pas à ce que l'un d'eux s'écrie : "Hourra ! Enfin quelqu'un avec qui dialoguer !" mais tout de même leur fuite inattendue eut quelque chose de vexant.

         Cependant je ne me fâchais pas. J'attendis patiemment qu'ils reviennent, je savais que leur curiosité serait la plus forte. Dès leur retour, je me lançais dans une série de cris stridulés et à partir du vingt-huitième, je compris à leur soudain intérêt que j'avais gagné la partie. J'attendis leurs applaudissements. Ils ne vinrent jamais.

         Au contraire j'eus droit à un beau hourvari, un charivari de huées, de lazzis, de sifflements moqueurs, un tollé général qui fit monter ma colère.

         Ah ces petites canailles se fichaient de moi... ! Et bien ils allaient voir. J'attendis la nuit, quand les oiseaux furent bien pelotonnés dans leurs nids, et tout à fait endormis, je me dressais, saisis les troncs dans mes deux mains et les basculais tout d'un coup, les balançant comme on secoue la salade.
Les oiseaux tombèrent tous au sol : il fallait les voir ouvrir leurs yeux ébahis, jaunes encore du premier sommeil, se retrouver molles petites boules de plumes affalés dans le caniveau. Ca non, ils n'étaient pas contents. Et moi je riais de toute ma dentition de géant.

         Depuis ce jour là dans ma rue, on peut voir des moineaux acagnardés dans les arbres. Ils m'observent en grommelant des gros mots d'oiseaux tandis que je suis assis dans mon fauteuil sur le seuil de ma maison. Zen.

Nous nous regardons en chiens de faïence.

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