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JARDIN EFFROYABLE

11 Février 2019 , Rédigé par Blouk Publié dans #Vie d'Atelier

Lorsque j’ai eu mon propre jardin, je ne me suis pas demandé si j’avais la main verte. Il fallut tout de suite le niveler, l’alléger avec de la tourbe, l’enrichir avec du terreau et du bon fumier de cheval, lui apporter de l’azote avec des cendres, du potassium avec je ne sais plus quelle poudre blanche, corne d’animaux, sulfate de fer, et surtout bêcher cette terre dure qui me cassait les épaules et le dos.

Mais je réussis à y planter des saules, un arbre de Judée, un pin parasol, trois cerisiers, un pécher qu’une collègue m’avait donné, des plants de vignes et quelques légumes, radis, petits pois, pommes de terre germées, plants de tomates et même sur le devant, je composais une petite rocaille avec des sedums dont j’aimais la forme, des œillets de poète qui ne tinrent pas une saison, des nepetas mussinis aux hampes florales bleues, et quelques plantes grasses choisies pour leur aspect. 

Deux belles pluies eurent tôt fait de lessiver ma petite rocaille, il n’en resta comme témoin qu’un bout de rocher déniché par mon frère sur le Larzac. Ce roc est toujours devant ma terrasse, il me rappelle les jours anciens, « et je pleure… », comme le dit le poète.

Le reste du jardin n’a pas tenu ses promesses : les petits pois ne donnèrent qu’une récolte, encore fallut-il ajouter des pommes de terre à leur soupe tellement ils étaient peu nombreux. Il fallut ôter l’arbre de Judée qui ne servait à rien, sinon à fleurir tous les trois ans directement sur le bois, le pécher mourut de la tache blanche, les tomates de la noire, les fraises furent dévorées par les fourmis, la vigne refusa de pousser, les haricots verts n’escaladèrent jamais leurs échelles, les vers attaquèrent les cerises. Seules les roses trémières, les escholzias, les pins d’amour et la réglisse résistèrent aux attaques de tous genres. 

Il fallut batailler pour se débarrasser de la réglisse, batailler encore pour résister aux enfants des voisins qui nous volaient nos fruits par dessus le grillage, se battre et détruire les nids des chenilles urticantes dans le pin parasol qu’il fallut ôter parce qu’il menaçait les fondations de la maison. Quant aux pommes de terre, j’oubliais dans quel coin je les avais plantées et nous les retrouvâmes en creusant la piscine, elles avaient fait des petits. Nous les partageâmes avec le conducteur du tracto-pelle.

J’avais planté quelques rosiers grimpants, ils furent magnifiques plusieurs étés, je les choisissais pour leur couleur et leur parfum ; j’ai noté leurs noms dans un cahier, je me rappelle des rosiers buissons Royale de Saint-Germain-en-Laye et Baronne Edmond de Rothschild, mais aussi de Louksor, leurs parfums étaient capiteux comme celui des dames élégantes. Je plongeais le nez dedans et j’étais ébloui. Mais une fois leur fragrance dissipée, restaient encore leur couleur, leurs formes dont j’étais si éperdu en ce temps là. Bien sûr ils crevèrent aussi de l’oïdium malgré les traitements hebdomadaires, les bouillies bordelaises et les soins du maître.

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