Pastiche d'après "Stupeur et tremblements" d'Amélie Nothomb

(Atelier du 18 octobre)

Le jour de mon arrivée chez Yumimoto, craignant d’être en retard, j’entrai dans l’immeuble et pris directement l’ascenseur qui m’emporta avec un bruissement doux. Au 150^ème étage, je sortis dans un couloir moquetté dont la seule décoration semblait être la vaste baie du fond qui m’attira comme un aimant. J’allai jusqu’à elle et vis que la ville vue de loin et de dessus ne me rappelait rien, comme si la gare SNCF desservait uniquement l’immeuble Yumimoto, la ville n’étant qu ‘un décor pour habiller une fenêtre.

J’entendis approcher quelqu’un et me tournai de 90° afin d’apercevoir le petit homme maigre et laid qui s’avançait. Il avait l’air de mauvaise humeur et me demanda abruptement pourquoi je n’étais pas passé par la réception.

Merde ! C’est vrai, je n’y avais pas pensé. Ne sachant que répondre, j’esquissai une courbette assez vague pouvant passer pour une excuse, pourvu qu’il fut sur la même longueur d’onde.

Il me dit son nom, « M. Saito », et m’entraîna à travers d’immenses salles, me présentant à une multitude de personnes, et chaque fois qu’il m’en présentait une nouvelle, j’oubliais le peu que j’avais appris de la précédente.

Avec déférence il me montra la porte du président, M. Haneda, et me conduisit enfin à la place où je devais travailler, en face de celle de ma supérieure directe, Melle Mori qui était en réunion.

En fait ce que j’avais compris de l’organigramme de Yumimoto, c’est que j’allais être le grouillot de service, le lampiste taillable et corvéable à merci par une foule de supérieurs hiérarchiques qui s’entassaient au dessus de moi comme des poupées russes. Ce n’était pas une place enviable, elle me faisait penser au film « Le Viager »  dans lequel Michel Serrault, entré comme simple manutentionnaire, finissait grâce à des années de travail assidu, par atteindre la place de sous-chef de la manutention.